SVT- Lycée Alphonse de Lamartine - Paris

SVT- Lycée Alphonse de  Lamartine - Paris

Le par coeur : De l'utilité d'un mal-aimé

Les SVT et le « par coeur »

 

J’entends encore trop souvent que pour réussir en SVT, il suffit d’apprendre « par coeur » ses cours contrairement aux autres disciplines scientifiques que sont les mathématiques, la physique et la chimie.

 

C’est oublier que pour réussir en SVT, il faut certes retenir beaucoup de notions et d’explications, mais il faut aussi savoir observer, analyser, mettre en relation des données afin de pouvoir établir des raisonnements scientifiques solides pour résoudre un problème scientifique. Ces situations de recherche scientifique ne peuvent pas être comprises sans faire appel aux connaissances multiples et variées liées aux SVT et aux autres sciences.

 

Cette expression « par coeur », teintée de mépris, est à nuancer.

 

 

Oui, il faut connaître « par coeur » la structure des organismes et leur fonctionnement, les différentes roches qui existent et leurs minéraux constitutifs ainsi que leurs propriétés... tout comme un mathématicien doit connaître « par coeur » les théorèmes de Pythagore, de Thalès, les techniques de résolution des équations, les formules des dérivées ; qu’un physicien doit savoir « par coeur » ce qu’est la gravité, l’inertie, les formules des énergies cinétiques, potentielles et autres… ; et qu’un chimiste doit savoir « par coeur » les fonctions organiques des molécules (alcool, ester, aldéhyde…), les différents types de stéréo-isomères ; etc...

 

C’est le terme de « par coeur » qui est à revoir et critiquer.

Oui, il y a énormément de connaissances à mémoriser sur le long terme de manière à pouvoir les utiliser pour comprendre de nouvelles situations scientifiques et faire de nouvelles découvertes.

Un chercheur qui travaille sur le cancer de la peau pourrait-il mener un travail efficace s’il ne savait pas « par coeur » comment est structurée une cellule normale et comment cette dernière fonctionne ?

Toute recherche s’appuie sur des connaissances existantes qui sont amenées à être complétées par des découvertes.

 

Il est donc normal de chercher à retenir un maximum de connaissances pour être compétent et performant dans son domaine de travail professionnel.

 

Même en mathématique, en physique et en chimie, il y a beaucoup de « par coeur ».

 

Mais il faut nuancer cette expression.

 

Tout comme il y a, par abus de langage d’ailleurs, un bon et un mauvais cholestérol, il y a un bon et un mauvais « par coeur ».

 

Il est tout à fait normal de demander à des élèves, des étudiants, des professionnels d’avoir suffisamment de connaissances pour être compétent dans sa matière et sa profession. Certains chercheront même à acquérir un maximum de connaissances pour améliorer leur performance.

Il faut donc leur faire apprendre et retenir une multitude de connaissances.

Le bon « par coeur » est donc la mémorisation sur le long terme d’une multitude de connaissances et d’explications.

 

Pour favoriser cette mémorisation sur le long terme, il convient de répéter plusieurs fois ces connaissances, de vérifier plusieurs fois si on les a retenues, à différents laps de temps (deux fois par semaine, puis une fois par mois, puis une fois semestriellement, si possible 6 à 7 fois au total sur une année) car la mémoire sur le long terme fonctionne comme les piqûres de rappels vaccinatoires.

 

Mais cela ne sert à rien si on ne donne pas du sens à ce que l’on apprend et à ce que l’on doit retenir. Il faut savoir identifier en quoi cela nous est utile ou pourrait l’être.

 

De même, il ne sert à rien d’apprendre par coeur des notions et des explications que l’on n’a pas comprises. On répéterait bêtement leur définition et les mécanismes impliqués sans pouvoir être en mesure de réfléchir dessus et de les utiliser pour résoudre de nouveaux problèmes.

Ce serait du mauvais « par coeur ».

 

 

Enfin, le mauvais « par coeur » consiste à mémoriser au mot prêt, à la virgule prêt une définition, un texte explicatif. Cela est ridicule car en dehors des mots-clés et des idées-clés qui doivent être retenus et présents dans une explication, on peut tout fait reformuler une définition et une explication avec ses propres mots communs du moment que l’exactitude est conservée.

 

Pour terminer, n’oublions pas que la mémoire est une capacité cérébrale qui s’entretient tout au long de la vie. Elle repose sur la création d’un grand nombre de connexions synaptiques entre les neurones. Demander à mémoriser un grand nombre de notions et d’explications pousse notre cerveau à créer et augmenter ce réseau de connexions neuronales qui nous sera bien utile pour maintenir notre capacité à mémoriser tout au long de notre vie même dans de nouveaux domaines, tout autre que ceux travaillés à l’école. Le plus important est de faire en sorte que ce réseau existe et de l’utiliser.

Si vous êtes malheureusement prédisposé à souffrir de la maladie d’Alzheimer, il sera fort probable que vous serez en mesure de conserver votre mémoire plus longtemps qu’un patient qui n’aura pas fait l’effort de retenir « par coeur » des connaissances tout au long de sa vie.

 

Quelques sources :

https://sante.lefigaro.fr/apprentissage-les-vertus-du-par-coeur-20220623

 

Mettre à l'épreuve sa mémoire la rend plus forte, explique le neuroscientifique Stanislas Dehaene.

Le «par cœur»? C'est la science des ânes… Et mieux vaut une tête bien faite qu'une tête bien pleine… Les convictions sans nuances en matière d'éduca­tion et d'apprentissage ne manquent pas. En France, on a longtemps opposé intelligence et capacité de compréhen­sion au rabâchage et à la mémorisation. Une erreur que les neurosciences et l'étude plus approfondie du cerveau ont fait voler en éclats.

L'apprentissage passe par un effort

Titulaire de la chaire de psychologie cognitive expérimentale au Collège de France et aujourd'hui président du conseil scienti­fique de l'Éducation nationale, Stanislas Dehaene a consacré une partie de ses enseignements à tenter de faire reculer des idées reçues qui ont bloqué la qualité de la transmission du savoir. «Enseignants et élèves se trompent parfois radicalement sur les conditions qui optimisent la mémoire», affirme-t-il *. Apprendre doit se faire sans effort? Les neurosciences prouvent le contraire.

Outre l'attention nécessaire lors de l'apprentissage, «les mêmes mots seront mieux retenus s'ils ont fait l'objet d'un traitement sémantique profond plutôt que d'un jugement ­superficiel», explique le chercheur. Faire l'effort de comprendre un mot ou une phrase facilite son rappel. De fait, la mémoire est ­essentielle à la capacité de compréhension.

 

Éprouver sa mémoire la rend plus forte

Tester régulièrement ses connaissances est aussi fondamental. Dès 1890, le psychologue et philosophe américain William James l'avait pressenti, raconte Stanislas Dehaene en le citant: «Une étrange particularité de notre mémoire est que les faits s'y impriment mieux par une répétition active que passive… Pendant un apprentissage (par cœur, par exemple), lorsque nous parvenons presque à retenir quelque chose, il vaut mieux attendre et faire l'effort d'essayer de se souvenir, plutôt que de se précipiter sur un livre. Si nous nous entraînons à récupérer les mots de cette manière, nous les saurons probablement la prochaine fois ; sinon, nous aurons très probablement besoin d'aller à nouveau regarder dans un livre.»

Mettre à l'épreuve sa mémoire va la rendre plus forte. En matière d'apprentissage, une simple lecture risque de n'imprimer que la mémoire de travail (à court terme), alors que la répétition suivant un mode ­interactif (question-réponse, à la façon des cartes de révision recto verso) va activer la curiosité et creuser un sillon plus profond dans la mémoire.

 

« Dans le domaine scolaire, où l'on vise la mémorisation à long terme, il faut réviser après un ­intervalle de quelques mois au minimum »

Stanislas Dehaene, président du conseil scienti­fique de l'Éducation nationale

Le sommeil et le temps, des alliés de la mémoire

Le temps fait aussi partie du jeu. Des études ont prouvé qu'espacer les temps d'apprentissage d'un ­sujet va inciter la mémoire à le prendre au sérieux et à ne pas le laisser en mémoire de travail qui l'effacera ­rapidement. Le sommeil, qui consolide les connaissances, semble aussi jouer un rôle dans ce domaine. «Si l'on souhaite que les connaissances soient préservées plusieurs mois ou plusieurs années, il faut rallonger l'intervalle de répétition en proportion. Ainsi l'apprentissage gagne toujours à être réparti en plusieurs fois et dans le domaine scolaire, où l'on vise la mémorisation à long terme, il faut réviser après un ­intervalle de quelques mois au minimum», affirme Stanislas Dehaene.

 

«Plus généralement, l'apprentissage scolaire gagne à tirer parti des trois facteurs qui maximisent la mémoire: la profondeur de l'encodage (faire travailler activement les élèves sur le sens de ce qu'ils ­apprennent), l'alternance de périodes d'apprentissage et de test (éviter d'exposer les élèves à un cours magistral, mais les mettre à l'épreuve régulièrement) et la répétition à des intervalles espacés», explique encore Stanislas Dehaene qui ajoute: «Ces phénomènes sont universels. L'idée répandue selon laquelle chacun dispose d'un style d'apprentissage qui lui est propre est à reléguer au rang des “neuromythes”.»

* Cours sur la mémoire et son optimisation, au Collège de France.

 

https://etudiant.lefigaro.fr/article/pourquoi-l-apprentissage-par-coeur-est-finalement-efficace_7e44ed76-92ea-11eb-951d-2ef61b8ac0ad/

 

Jugé ringard par les pédagogues modernes, l’apprentissage par cœur revient en vogue. Les scientifiques sont formels: en travaillant sa mémoire, on travaille aussi sa concentration, et ses facultés d’organisation.

«Rosa rosa rosam, Rosae rosae rosa... C’est le plus vieux tango du monde, celui que les têtes blondes, ânonnent comme une ronde, en apprenant leur latin», chantait Jacques Brel qui se souvenait avec férocité de ses années de collège. Il est loin le temps où les écoliers récitaient les conjugaisons latines, et apprenaient les listes de départements.

 

«L’apprentissage par cœur est tombé en désuétude à partir des années 60-70», explique Claude Lelièvre, historien de l’éducation et auteur du livre L’école d’aujourd’hui à la lumière de l’Histoire (éd. Odile Jacob). Désormais, les élèves se cantonnent à quelques poésies, tables de multiplications et dates clefs. «Petit à petit, les Français sensibles à la modernité, y compris en matière d’éducation, ont délaissé le par cœur», ajoute l’historien. Aujourd’hui, seuls des pays comme la Chine continuent de promouvoir la mémoire.

Les vertus de la répétition

Bonne nouvelle, le «par cœur» n’est pas mort. Des signes montrent un regain d’intérêt. Depuis quelques années, partout en France, les concours d’éloquence sont organisés par les plus grandes universités et écoles françaises. Des exercices où la mémoire est très sollicitée. C’est le cas à HEC, à la Sorbonne, mais aussi dans de nombreux collèges et lycées. Depuis 1991, des concours de mémoire ont lieu dans le monde entier. Enfin, le grand oral du bac est prévu cette année pour le bac 2021. Un virage dans l’Éducation nationale.

Ce sont les chercheurs qui les premiers ont démontré son intérêt, en particulier le chercheur en psychologie cognitive Alain Lieury qui s’est emparé du sujet dans les années 90. Son livre intitulé Mémoire et réussite scolaire paru chez Dunod en 1997 a mis en avant une chose essentielle: bien faire fonctionner sa mémoire en utilisant des méthodes qui ont fait leurs preuves est l’atout maître de la réussite à l’école. Il a notamment réhabilité la répétition abandonnée dans les années 70 au profit de la «compréhension».

«Les poésies sont aussi bénéfiques pour améliorer l’expression orale, le vocabulaire et la confiance en soi»Thomas Buttaci, neuropsychologue

Surtout, les scientifiques ont montré que la mémoire faisait travailler d’autres parties du cerveau. Pour Thomas Buttaci, neuropsychologue, «en travaillant leur mémoire, les enfants travaillent leur concentration, leurs facultés d’organisation et de planification. Les poésies sont aussi bénéfiques pour améliorer l’expression orale, le vocabulaire et la confiance en soi, par exemple», explique-t-il. Pour bien enregistrer, le cerveau a besoin d’être «attentif, d’associer ses connaissances avec d’autres, et d’entraînement pour les consolider», relève Sébastien Martinez, formateur en stratégie de mémorisation et champion de France de la mémoire en 2015.

Pour que le cerveau imprime, il est également nécessaire de lui laisser prendre son temps, aller à son rythme. «Or, nos enseignants aujourd’hui sont stressés par un programme qu’ils doivent boucler. Les élèves ne peuvent donc pas apprendre correctement, ajoute Sébastien Martinez. «Le bachotage permet de réussir un examen, mais pas d’ancrer des connaissances dans la durée», note la neurologue Catherine Thomas-Anterion.

 

Un gain de temps

Même adulte, avoir une bonne mémoire est un atout. «Un chauffeur de taxi sera plus efficace face aux bouchons s’il connaît les routes par cœur qu’un chauffeur qui ne sait travailler qu’avec un GPS. C’est la même chose pour un médecin qui apprend les médicaments génériques. Il va plus vite à force d’en apprendre, et n’utilise le Vidal que pour ceux peu utilisés. Idem pour un avocat qui connaît ses articles», explique Dr Catherine Thomas-Anterion, neurologue.

Pour Sébastien Martinez, «pouvoir réciter des connaissances sans réfléchir est indispensable. Il y a beaucoup d’informations que nous avons besoin de ressortir automatiquement».

Une pédagogie toujours jugée réactionnaire

Toutefois, dans les classes françaises, certains enseignants ont compris son intérêt et se désolent de son long séjour au purgatoire. C’est le cas de Chantal, professeur des écoles dans le Val-de-Marne qui «regrette qu’on aitconsidéré que le savoir devait venir de l’enfant en le laissant découvrir par lui-même. C’est une perte de temps. C’est à nous de lui transmettre», partage-t-elle.

Pour l’enseignante, «un enfant ne peut pas deviner les règles de grammaire en réfléchissant devant un exercice. C’est contreproductif. À mes yeux, ça ne sert qu’à remplir les cabinets d’orthophonie. Il faut qu’il les sache par cœur pour toute la vie». Et d’ajouter: «Les collégiens n’ont plus de listes de mots d’anglais à apprendre. Je comprends mieux pourquoi les Français sont si mauvais en langues. Il faut connaître par cœur les termes et leur sens pour les réutiliser ensuite».

 

L’humain est conçu pour apprendre

Penser qu’apprendre est l’inverse de comprendre n’a pas de sens. «Si l’on n’apprenait que par cœur, ce serait idiot. Il faut aussi comprendre et réfléchir. Il y a un juste milieu à trouver», indique le Dr Catherine Thomas-Anterion. Mais la magie du par cœur, c’est qu’au fil de l’apprentissage, l’enregistrement se fait naturellement. «Toutes nos connaissances sont un terreau pour les prochaines. L’humain est conçu pour apprendre. Et c’est super quand il prend du plaisir à le faire», conclut Sébastien Martinez.

 

https://www.lesbonsprofs.com/blog/apprendre-par-coeur-est-ce-vraiment-utile-et-efficace-2/

 

Les incontournables du par coeur

A l’évidence, apprendre par coeur a d’immenses intérêts dans de nombreux apprentissages. Cela permet d’avoir des connaissances, des repères, des outils, des réflexes, des schémas corporels et émotionnels aussi.

C’est une technique fondamentale utilisée à l’école mais pas seulement : les sportifs, les artistes et les professionnels utilisent aussi l’apprentissage par coeur pour réaliser certaines tâches. Doit-on pour autant en faire l’outil principal de nos apprentissages ?

Pas si sûr..

Les limites du par coeur

Il y a des écueils possibles dans ce type d’apprentissage. C’est un gros travail qui nécessite beaucoup de répétitions et d’efforts. A long terme, on peut oublier ce que l’on a appris si on a mal intégré la notion. L’exemple du bachotage le confirme : de nombreux lycéens ingurgitent en quelques semaines des notions qu’ils auront hélas oubliées après l’été.

Bien plus grave, on risque d’apprendre sans comprendre, ce que les professeurs constatent chaque jour dans les classes. C’est le fameux élève qui ânonne sa leçon sans rien comprendre à ce qu’il récite.

Alors que faut-il apprendre par coeur ?

Pour savoir quand apprendre par coeur, il faut réussir à distinguer les tâches d’apprentissages.

Le par coeur s’impose pour les tables de multiplication, des mots de vocabulaire, un texte de théâtre, des dates en Histoire géographie, des citations en littérature… pas d’autres choix ! Dans d’autres situations, le par coeur n’est pas nécessaire: rédiger une dissertation, réfléchir à un problème nouveau de mathématique, argumenter un texte de langue. Entre les deux, il existe tout un tas de situations intermédiaires : Comment par exemple connaître toutes les formule mathématiques d’un même chapitre ?  Doit-on d’ailleurs les apprendre toutes par coeur ou seulement certaines. Ne peut-on pas chercher des liens entre elles pour pouvoir ensuite les retrouver facilement?

Apprendre par coeur est un effort coûteux pour le cerveau, cela demande de longues phases de répétitions et la maîtrise de techniques efficaces de mémorisation.

Si un chapitre de maths comporte 8 formules, il faudra les apprendre une par une. Mais parfois, en apprenant uniquement les 4 formules principales, on peut retrouver les autres astucieusement et économiser ainsi des efforts d’apprentissage. Et ce temps gagné, on peut l’utiliser à s’exercer sur ce chapitre. La bonne démarche est donc toujours de penser à créer des liens entre les notions à apprendre. Les moyens mnémotechniques illustrent bien ce fonctionnement de notre cerveau.

En bref, l’idéal est d’apprendre par coeur ce qui est indispensable et rien de plus. Quitte ensuite à retrouver toutes les notions à retenir par étapes successives. Un bon moyen pour réactiver ses connaissances est d’apprendre le plan de la leçon par coeur : le titre du chapitre et celui de chaque partie et paragraphe. En mémorisant la structure du cours, le cerveau retrouvera plus facilement l’emplacement des idées clés.

Un travail intelligent consiste donc toujours à se demander : existe t-il un autre moyen que le par coeur pour retenir cette notion ? Avoir cette démarche est un atout majeur pour retenir durablement ce que l’on apprend.

 



21/10/2023
0 Poster un commentaire
Ces blogs de Enseignement & Emploi pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 28 autres membres